Ecbatane ou Rhagae 
Ecbatane

Ecbatane, Agbatana, anciennement Hagmatana (aujourd’hui Hamadan, en Iran), aurait été édifiée par les Mèdes au VIIe siècle avant notre ère. Elle passe ensuite aux mains des Achéménides, jusqu’en 330 avant notre ère, où Alexandre le Grand pille la ville et s’empare du trésor de Darius III.
Mithradates Ier occupe la Médie en 148 avant notre ère, au détriment des Séleucides, et laisse à son frère Bagasis le soin de gouverner la province. Capitale de la Médie sous les Parthes, Ecbatane devient la résidence d’été des souverains arsacides, Ctésiphon étant leur résidence d’hiver.
La richesse exceptionnelle de la ville tient à sa situation privilégiée sur la branche nord de la Route de la soie.


Rhagae

Rhagae (plus tard Rayy, à quelques kilomètres au sud de Téhéran), située au nord-est de la Médie, était comme Ecbatane une étape importante sur la Route de la soie. La fondation de Rhagae remonte elle aussi à la plus haute antiquité. Séleucos Ier rebâtit la ville, qui avait été détruite, sous le nom d’Europos.
Avec l’avènement des Parthes Rhagae aurait pris le nom d’Arsacia, mais il est plus probable que deux cités distinctes, bien que très proches, aient coexisté. Rhagae est probablement passée sous la domination des Parthes bien avant Ecbatane, peut-être sous Phraates Ier.


Attribution des drachmes à Ecbatane ou Rhagae

A partir de Phraates III, le monogramme placé au revers des drachmes désigne l’atelier monétaire, Monogr. Ecbatane pour Ecbatane et Monogr. Rhagae pour Rhagae. En l'absence de ce monogramme, il est possible malgré tout, pour les règnes immédiatement antérieurs (de Gotarzes I à Arsaces XVI), de retrouver les frappes de l’un et l’autre de ces deux ateliers grâce au style du graveur.
Le plus judicieux est d’étudier en priorité les caractéristiques stylistiques des revers, beaucoup plus constantes que celles des avers. On s’intéressera notamment au visage de l’archer, plus ou moins fin, à l’œil peu marqué ou proéminent, aux proportions de la tête par rapport au buste plus ou moins respectées, aux attaches retombantes du bashlik, à la jambe gauche qui se replie par un angle vif ou de façon anormalement arrondie, à l’angle que fait le pied gauche avec le sol, et plus encore à la manche vide du vêtement, courte et qui forme une pointe, ou longue et qui se termine par un petit bloc rectangulaire. A cette fin, les revers des premières drachmes de Phraates III, S.36, en raison de la présence des monogrammes, peuvent être utilisés comme base de comparaison.

Ecb1 Ecb2 Ecb3 Ecb4 Ecb5 Ecb6
 Ecbatane    S.29  S.31  S.33  S.34  S.30  S.36
Rh1 Rh2 Rh3 Rh4 Rh5 Rh6
  Rhagae      S.29  S.31  S.33  S.34  S.30  S.36

De plus, le style de l’effigie permet dans la plupart des cas de confirmer l'attribution déduite de l’examen du revers. Pour ce qui est des drachmes S.33 c’est encore plus simple, la légende varie légèrement selon l’atelier. Avec un peu de pratique, les drachmes d’Ecbatane et de Rhagae des émissions S.29, 31, 33, 34 et 30 se différencient donc facilement, et on peut s'aventurer en établir la rareté relative.

Graphique 

Ce graphique met en évidence le fait que si Ecbatane devient l’atelier le plus productif à partir d’Orodes II, la production d’Ecbatane et de Rhagae était à peu près égale sous Phraates III et Mithradates IV, et que l’importance de Rhagae était nettement prépondérante avant Phraates III.


  Ecb27.2   Ecb28.3   Ecb29.1  
   Ecbatane      S.27.2   S.28.3   S.29.1  
  Rh27.1   Rh28.1   Rh29.2  
   Rhagae      S.27.1   S.28.1   S.29.2  

Toujours en s’appuyant sur le style des revers, on peut remonter jusqu’aux dernières séries de Mithradates II, afin de rechercher la filiation entre ces dernières et les émissions suivantes, pour chacun des deux ateliers. Pour Ecbatane, on constate l’intervention de plusieurs graveurs au cours de l’émission S.28, mais certaines des caractéristiques stylistiques ont semble-t-il été transmises de l’ancien artisan au suivant. Pour Rhagae, en revanche, la continuité de style est absolument évidente entre les séries S.27.1, S.28.1, S.29.2, et jusqu’à la drachme S.30.18 qui porte la mention ENPAΓAIC.
Ceci confirme le classement de Sellwood, du moins pour les types S.27 et 28 de Mithradates II et pour les émissions ultérieures. L’émission S.27.1, pour ne citer que celle-ci, une des plus abondantes de tout le monnayage parthe, est donc bien à mettre au crédit de Rhagae.
Quelle qu’ait pu être l’importance d’Ecbatane sous les Achéménides et sous les Séleucides, et même ensuite sous les Parthes, il faut renoncer au postulat selon lequel la ville aurait été, dès la fin du IIe siècle ou le début du Ier siècle avant notre ère, l’atelier principal chargé de la production des drachmes des souverains arsacides. Il faut en effet attendre le règne d’Orodes II (57-38 av. J.-C.) pour que la production d’Ecbatane surpasse celle de Rhagae.


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