Au cours de l’année 80 avant J.-C., Mithradates III (87–80) et Orodes Ier (80–75) se disputent le trône parthe.
C'est durant le bref laps de temps où l'issue du conflit entre les deux adversaires reste incertaine que sont frappées les rares drachmes S.31.7.
Sur les drachmes 31.5-6-8-9 de Mithradates III (Fig.1), la tiare est uniformément décorée de trois rangées de perles,
avec en son centre une étoile qui comporte six, sept ou huit rayons.
Les drachmes d'Orodes Ier se distinguent par l'ancre qui prend place derrière le buste et par la tiare. Deux tiares légèrement différentes existent pour ce souverain,
qui ont en commun la décoration supplémentaire sur leur pourtour, et une fleur de lys au centre au lieu d'une étoile. Une de ces deux variantes a trois rangées
de perles (Fig.3), comme sur les drachmes de Mithradates III, l'autre possède une quatrième rangée, formée par de
gros points (Fig.4).
Pour le type S.31.7 (Fig.2), on ne connaît qu'un unique coin d'avers et quelques coins de revers.
La titulature du revers est celle des drachmes de Mithradates III, mais le portrait et la tiare ressemblent de très près à ceux du type S.34.4 d'Orodes Ier,
bien que la décoration caractéristique entourant la tiare d'Orodes soit absente sur cette émission de transition.
Sellwood évoquait pour le type 31.7 « une tentative adroite par un atelier officiel de gagner du temps pendant la durée de la guerre civile ».
Ainsi la paternité de cette émission pouvait être revendiquée aussi bien par Mithradates III que par Orodes Ier, selon la tournure des événements.
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Fig.1
(Coll. parthika)
S.31.6 v. (Mithradates III) |
Fig.2
(Coll. parthika)
S.31.7 (Emission de transition) |
Revers 1 & 2 :
BAΣIΛEΩΣ MEΓAΛoY /
APΣAKoY / AYToKPAToPoΣ ΦIΛoΠAToPoΣ /
EΠIΦANoYΣ ΦIΛEΛΛHNoΣ |
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Fig.3
(Coll. parthika)
S.34.3 (Orodes Ier) |
Fig.4
(Coll. parthika)
S.34.4 (Orodes Ier) |
Revers 3 & 4 :
BAΣIΛEΩΣ / MEΓAΛoY APΣAKoY /
EYEPΓEToY / EΠIΦANoYΣ ΦIΛEΛΛHNoΣ |
Après la chute d’Orodes Ier, certaines de ses drachmes sont délibérément altérées. L'ancre, la fleur de lys du centre de la tiare
et la décoration périphérique de la tiare sont les unes ou les autres effacées, afin de faire disparaître les caractéristiques propres à l’émission S.34.
Les raisons de ces modifications ne sont pas parfaitement claires. Le successeur d’Orodes Ier, Arsaces XVI, ne pouvait intégrer ces drachmes à
son propre monnayage, compte tenu de la différence évidente de leurs portraits respectifs ; mais il a sans doute souhaité malgré tout remettre
en circulation ces monnaies, après avoir fait le nécessaire pour les rendre assimilables aux émissions de son frère Mithradates III.
S.34.6 (drachme S.34.3, avec ancre effacée) (Fig.5)
S.34.6 v. (drachme S.34.4, avec ancre effacée)
S.34.7 (drachme S.34.3, avec ancre et décoration de la tiare effacées)
S.34.7 v. (drachme S.34.4, avec ancre et décoration de la tiare effacées)
S.34.8 (drachme S.34.3, avec ancre, décoration de la tiare et fleur de lys effacées)
S.34.8 v. (drachme S.34.4, avec ancre, décoration de la tiare et fleur de lys effacées)
(Fig.6)
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Fig.5
(Coll. privée)
S.34.6 |
Fig.6
(Coll. privée)
S.34.8 v. |
Environ un siècle plus tard, Vologèses II (77-80) émet des drachmes où il porte une tiare décorée en son centre par une sorte de crochet, et deux
caractères derrière le buste donnent le début de son nom (S.72.8, Fig.7).
Peu après Pacorus II (78-105) émet à son tour une série où il porte une tiare, mais sans décoration et sans lettres derrière le buste
(S.77.8, Fig.8).
Sans doute pour les intégrer au monnayage de Pacorus II, des drachmes S.72 sont retouchées pour escamoter les deux caractères qui désignent
Vologèses et parfois aussi le "crochet" du centre de la tiare (Fig.9 & 10).
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Fig.7
(Coll. parthika)
S.72.8 |
Fig.8
(Coll. parthika)
S.77.8 |
Fig.9
(Photo Peus)
S.72.10 |
Fig.10
(Photo Peus)
S.72.10v. |
Sous Vologèses III (105-147), à nouveau des drachmes sont modifiées, afin cette fois de s'apparenter aux spécimens S.78
(Fig.11) et d’être remises en circulation. Ces monnaies, fort peu communes, sont issues soit des émissions
de souverains disparus (Gotarzes II, Artaban V), soit du monnayage d’un concurrent de Vologèses III ("Roi inconnu", Mithradates V).
Sur le type S.74.7 (Fig.12), initialement une drachme S.74.6 d'Artaban V
(le style des lettres du revers et la chevelure, droite et non en trois vagues, trahissent le type d'origine), la barbe est retaillée
manuellement, pour lui donner une forme triangulaire ; le but est clairement de transformer cette monnaie en une drachme S.78.2
de Vologèses III.
Les drachmes S.82.3 (Fig.13), qui appartiennent à Mithradates V, sont retouchées au niveau du bandeau
pour rajouter deux lignes horizontales. Parfois un troisième trait est gravé dans la partie retombante derrière le buste
(S.82.4, Fig.14), pour imiter au mieux les drachmes de Vologèses III. A noter toutefois
que si l'effigie est modifiée, le revers n'est jamais touché, bien que le nom du roi y apparaisse clairement.
La monnaie répertoriée par Sellwood comme 83.2 est une drachme S.83.1 du "Roi inconnu", regravée pour être assimilée à un type S.78.
La barbe est retaillée, toujours triangulaire mais plus courte, et la troisième boucle de l’attache à l’arrière du diadème qui caractérise
les émissions de ce souverain est effacée, ainsi qu'un des cinq traits de la partie retombante derrière le buste.
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Fig.11
(Coll. parthika)
S.78, "le modèle" |
Fig.12
(Coll. parthika)
S.74.7 (Artaban V) |
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Fig.13
(Coll. parthika)
S.82.3 (Mithradates V) |
Fig.14
(Coll. parthika)
S.82.4 (Mithradates V) |
A la toute fin de la dynastie arsacide, durant la querelle fratricide entre Vologèses VI et Artaban VI, une fois encore circulent des monnaies
retouchées. Sur certains exemplaires S.88.23, le croissant, marque distinctive de Vologèses VI, est volontairement effacé
(S.88.24, Fig.15). Ces tentatives de transformation sont à replacer dans le contexte de l’émission des
drachmes hybrides S.88/89 et S.88/90.
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Fig.15
(Photo C.N.G.)
S.88.24 (Vologèses VI) |