Au début du Ier siècle de notre ère, les rois parthes ne parviennent plus à maintenir leur autorité sur les provinces les plus orientales de l’Empire (Margiane, Traxiane, Aria)
et les ateliers du nord-est de la Parthie abandonnent presque totalement une production qui était déjà peu abondante. On ne connaît que quelques drachmes encore émises
à Margiane [1-4], pour Phraataces (S.57.14), Artaban IV (S.62.12, 63.16), Vardanes (S.64.37), mais il est difficile de déterminer si ce sont des frappes
officielles, très frustes et au mieux à très bas titre, ou des imitations des monnaies royales parthes contemporaines, produites par les potentats locaux.
[1] Phraataces - S.57.14 | [2] Artaban IV - S.62.12 | [3] Artaban IV - S.63.16 | [4] Vardanes Ier - S.64.37 |
Ces ateliers reprennent peu après leur activité, désormais pour des monarques locaux [5-16], avec ou sans l’aval du pouvoir central parthe. Tout métal précieux
est à ce stade absent de ce monnayage, mais l’iconographie des drachmes parthes subsiste : une effigie tournée vers la gauche à l’avers et l’archer assis à droite au revers, avec un monogramme
sous l’arc. Faute de pouvoir toujours donner une attribution rigoureuse à ces monnaies elles sont le plus souvent définies comme appartenant à Sanabares, à tort ou à raison.
[5] (S.93.1) |
Avers : Barbe moyenne, chevelure en 4 vagues Etoile sur un croissant devant l'effigie Revers : CANABAPHC BACIΛEY Monogramme | |
[6] |
Avers : Chevelure élaborée en 3 vagues La boucle du diadème est triangulaire Revers : Légende dérivée de la précédente, mais dégradée Monogramme | |
[7] (S.93.2 v.) |
Avers : Barbe moyenne, chevelure en 4 vagues Boucle du diadème arrondie Rien devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[8] (S.93.4) |
Avers : Barbe longue, chevelure en 3 vagues Rien devant l'effigie Revers : ???? BACIΛ derrière l'archer Monogramme | |
[9] (S.93.5) |
Avers : Barbe moyenne, chevelure en 3 vagues, collée à la nuque Rien devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable derrière l'archer Monogramme | |
[10] (S.93.6) |
Avers : Croissant devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[11] (S.93.7) |
Avers : Etoile devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[12] (S.93.8) |
Avers : Etoile sur un croissant devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[13] (S.93.9/10) |
Avers : Rien devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[14] (S.93.11) |
Avers : Rien devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[15] (S.93.12) |
Avers : Style "celtique" Rien devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable Monogramme | |
[16] |
Avers : Rien devant l'effigie Revers : Légende indéchiffrable derrière l'archer Monogramme ou |
Monogrammes présents sur ce monnayage
* Si comme le suppose Sellwood les dates de règne de Sanabares se situent entre 50 et 65 de notre ère environ, il est peu probable que ce monogramme désigne Mithradatkart.
En effet, à ce moment là Mithradatkart produisait des drachmes en argent à bas titre pour Vologèses Ier (S.65.36).
Beaucoup d'incertitudes
En 1971, W. Dobbins commençait son article Sanabares and the Gondophares Dynasty par : « Les monnaies de Sanabares constituent
l'une des nombreuses énigmes de la chronologie indo-iranienne des premiers siècles avant et après notre ère. Sanabares occupe une position ambiguë, ses monnaies ne se conformant
entièrement ni à la série arsacide ni à la série indo-parthe ... ».
Une vingtaine d'années plus tard, avec A Hoard of Coins from Eastern Parthia, H. Koch s’intéresse à une trouvaille de 266 monnaies de cuivre provenant
du nord-est de la Parthie et en propose un classement. Il s’agit de la plus ambitieuse étude jamais réalisée sur ce monnayage, mais elle laisse dubitatif pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, les photos en taille 1:1, pour un monnayage aussi fruste, ne permettent pas vraiment de suivre l’auteur sur les critères retenus pour sa répartition en groupes et sous-groupes.
Ensuite, les datations sont problématiques. Le catalogue passe directement des bronzes frappés pour Vardanes I (c. 40-45) à une émission pour Vologèses III (c. 105-147).
N’y aurait-il eu aucune production dans les ateliers orientaux pendant un demi-siècle, voire un siècle ? On peut légitimement en douter.
Ce saut dans le temps provient du fait que l’auteur qualifie le tamga de « symbole de Vologèses » et assigne en conséquence les monnaies qui le portent à Vologèses III.
Mais ce symbole se trouve sur des bronzes parthes du plateau iranien dès Orodes II ; il ne désigne donc pas spécifiquement Vologèses, mais indique
simplement que la monnaie appartient aux Arsacides. En réalité, comme le montrent les importantes différences de style entre les exemplaires [8] et
[9], le symbole au revers d’un de ces bronzes ne suffit pas à déterminer à quel souverain
il appartient.
A la suite des spécimens attribués par l'auteur à Vologèses III, on trouve le monnayage d’un Sanabares II (qui aurait régné durant le second quart du IIe siècle de notre ère), puis celui
d’un souverain d’Abarshahr inconnu (seconde moitié ou dernier quart du IIe siècle de notre ère).
D. Sellwood, dans sa seconde édition de An Introduction to The Coinage of Parthia, assigne ses "drachmes" de bronze du type 93 à Sanabares et situe son règne
entre 50 et 65 de notre ère environ. Là où Dobbins était formel sur l’existence d’un seul Sanabares et où Koch en voyait deux, Sellwood hésite à assimiler ce Sanabares à celui qui a émis
les drachmes d’argent du Sistan, les dates d'émission n’étant à son point de vue peut-être pas compatibles. Il ne s’aventure pas à attribuer une partie des bronzes de son type 93
à d’autres souverains que Sanabares, malgré toutes les dissemblances de style entre les divers exemplaires, la présence ou non du symbole ,
ou le peu de légende qu’on peut déchiffrer.
R.C. Senior, en 2001, ne se risque pas davantage à répartir ces monnaies entre plusieurs monarques locaux. Il rassemble l’ensemble de ses bronzes 266 sous la rubrique
« drachmes de cuivre du nord-est de l'Iran », tout en précisant dans une note de bas de page que certaines des variantes ne peuvent certainement pas être attribuées à Sanabares.
En résumé, compte tenu de l'insuffisance de sources sur les provinces orientales de la Parthie pour cette période et du manque général de lisibilité des légendes de ces monnaies,
il semble bien hasardeux de vouloir identifier les différents monarques locaux responsables de ces émissions et de leur associer une chronologie un tant soit peu précise.
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